Crédit photo: Jean-Charles Neau
Ce billet est paru initialement sur Le Cercle des Echos le 27 juin 2018.
Les vacances sont ce moment privilégié où nous sommes créatifs et débordons d’idées.
Simplement parce que nous prenons le temps de respirer.
A l’heure digitale, l’Intelligence Artificielle reste artificielle.
La créativité, tout comme l’empathie, sont ce qui va continuer à nous distinguer des machines.
Alors profitons-bien de cet été en famille.
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Voilà l’été. La moitié d’entre nous partons en vacances tandis que l’autre moitié s’y prépare.
Les vacances sont ce moment privilégié où nous sommes créatifs et débordons d’idées. Simplement parce que nous prenons le temps de respirer.
Certaines idées s’envolent et se concrétisent, d’autres s’envolent et on ne les revoit plus, croit-on, car la réalité de septembre nous rattrape.
Qu’on se rassure, elles ne s’envolent ni bien loin, ni pour toujours. Elles restent en nous et rejaillirons, car le processus créatif qui les fait germer est ancré en tout être humain et n’attend que l’occasion, ou l’autorisation, de s’exprimer.
Au contraire de nous, l’Intelligence Artificielle, elle, est artificielle.
Les machines apprennent, seules ou accompagnées, mais c’est l’humain qui les programme ou les éduque.
L’IA repose sur une approche algorithmique et mathématique. Cependant tout ceci progresse très vite.
Déjà une IA peut découvrir totalement seule la meilleure manière de gagner au jeu du casse-brique dont elle ne connaît pourtant pas les règles au départ.
D’autres chercheurs veulent donner aux machines le don de la création artistique.
On a ainsi pu voir, je n’ose pas encore écrire « admirer », les premières œuvres des IA par Google Deep Dream.
Si l’on admet que la créativité est un processus de combinaisons improbables d’idées déjà existantes, on peut imaginer qu’une IA puisse en effet créer.
Mais cela reste une machine programmée pour atteindre un but déterminé par son concepteur.
Elle ne se trompe pas. C’est sa force et son principal défaut.
Sa « réflexion » aboutira toujours au résultat statistiquement le plus proche du but fixé.
Tout est donc question d’objectif, le reste c’est des maths et de l’informatique.
Google vous propose de compléter votre recherche à partir des premières lettres que vous tapez, car c’est statistiquement ce que recherchent d’autres.
Amazon ou Netflix vous proposent les livres ou les films que vous pourriez aimer en fonction de vos choix passés et des choix de leurs autres clients.
D’un côté, ils facilitent la vie, de l’autre, ils créent le risque d’être entraîné là où on ne voulait pas aller au départ, pour le pire ou le meilleur, ou de creuser un sillon culturel dont on ne sort plus.
En tout cas, c’est un risque de n’être pas à 100% libre de son choix.
Bref, objectif et statistiques. Pas beaucoup de place pour l’intuition fulgurante, qui est à la fois créative et plus rapide.
Et quid des 10%, voire 1% d’erreur que l’IA laisse de côté dans sa marche imperturbable vers le résultat optimal?
Le processus créatif passe aussi par nos erreurs
Demandez au chimiste Spencer Silver, chercheur chez 3M, qui s’est trompé dans ses mélanges et a inventé une colle qui ne colle pas.
Certains se seraient fait licenciés pour moins que cela. Lui a donné naissance au post-it et à tous ses dérivés qui constituent aujourd’hui une source substantielle des revenus de 3M.
Je ne sais pas si cela s’est vraiment passé comme cela, mais j’aime imaginer la panique de l’ingénieux ingénieur dans son labo avec ses éprouvettes devant son expérience ratée… et l’expression de son manager sur l’instant.
Juste retour de boomerang, le post-it est aujourd’hui l’outil le plus utilisé dans les brainstorming de créativité…
Et quid du but à atteindre assigné à l’algorithme? qui le définit? avec quel dessein?
Quoi qu’il en soit, le digital va se substituer à de nombreuses activités humaines.
C’est un risque ou une opportunité.
Tout dépendra de nos choix éthiques et des mesures d’accompagnement.
En tout état de cause, la créativité, tout comme l’empathie, sont ce qui va continuer à nous distinguer des machines
Profitons donc bien de vacances créatives avec nos proches, avant de continuer cette série sur la transformation digitale.
Et vous, qu’en pensez-vous ?