Crédit photo: Jean-Charles Neau
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D’où vient la créativité? Quel rapport avec le monde des affaires?
On sait que la créativité vient en majeure partie du fait de tisser des liens improbables entre ce que nous avons déjà vu, entendu, senti ou ressenti.
Chaque élément est préexistant, mais la manière dont nous les combinons est bien une création unique.
Un morceau de piano n’est rien d’autre qu’une combinaison unique de 88 touches parfaitement connues et maîtrisées.
Steve Jobs n’a inventé ni le téléphone mobile, ni l’écran tactile, ni la communication par Internet, ni la musique numérique, mais il a révolutionné son entreprise (et bien au-delà) en les combinant et en lançant l’iPhone en 2007.
Regardez d’ailleurs cette vidéo indispensable sur le lancement de l’iphone (les 3 premières minutes suffisent): https://www.youtube.com/watch?v=x7qPAY9JqE4.
Il y a notamment cet extraordinaire passage où le public s’enthousiasme peu, voire très peu, sur le côté Communication Internet (nous sommes en 2007 et on ne saisit pas encore tout à faire l’impact que cela va avoir), beaucoup plus impressionné qu’il est par la combinaison de l’iPod et d’un téléphone mobile. Puis Steve Jobs insiste et là le public commence petit à petit à comprendre ce que cette combinaison va produire et s’emballe à nouveau ; et Steve Jobs, qui lui a compris depuis longtemps: « Are you getting it ? ».
Pourquoi cette réflexion soudaine un week-end ?
D’abord parce que c’est un week-end et, quand on ne travaille pas, on est davantage créatif, comme le rappelait Gregory Blatt (CEO de Solar Impulse, cet avion qui avait autant besoin du soleil pour faire le tour du monde que du rôle d’homme de l’ombre qu’a tenu Gregory) lors d’une conférence très inspirante devant des étudiants, à l’instigation de la créatrice de liens Caroline Miller.
Ensuite parce qu’un commentaire sur mon dernier article sur la marée montante de la transformation digitale m’a interpelé. Je cite « ce que vous écrivez à propos d’agir et de la vitesse du sens, à moins que cela ne vienne de quelqu’un de connu, ne veut rien dire ».
J’aurais pu ignorer ce contradicteur, mais cela m’a turlupiné et a appelé quelques réflexions.
Tout d’abord, chercher à comprendre comment naît, se développe et se favorise la créativité est un enjeu majeur aujourd’hui pour nous distinguer des machines. Tout comme le fait de donner du sens à l’action.
Ensuite, on a le droit de créer et d’exprimer un concept, même si on n’est pas connu.
La renommée n’ajoute rien à la valeur de qui on est et à la validité de ce que l’on pense
Ensuite, c’est vrai, d’où m’est venue cette association de trois termes : action, vitesse, sens ? au-delà du jeu de mot sur la vitesse du son et du sens.
Comment naît une création? d’où vient une idée?
En 2004 je crois, je suis tombé en plein milieu d’une émission de radio en voiture dans laquelle intervenait un philosophe français et ces trois mots y ont été évoqués.
Cela m’a inspiré et je me suis « créé » cette devise « Agir à la vitesse du sens » que j’ai faite mienne depuis 2005. Parce que cela me ressemble.
Je viens de faire des recherches, je ne retrouve pas de trace sur Internet de ces trois mots associés. Je n’ai donc a priori plagié personne; pas volontairement en tout cas.
Cet après-midi, je suis tombé par hasard sur un épisode d’une série télévisée que j’avais regardée en 2010 et un dialogue m’a interpelé:
– Madame, « Il y a dans les affaires humaines une marée montante ; qu’on la saisisse au passage, elle mène à la fortune ; qu’on la manque, tous les voyages de la vie s’épuisent dans les bas-fonds et dans la détresse ».
– En effet, cela vient de Jules César, cela veut dire « maintenant ou jamais ».
Je n’avais jamais lu ce Jules César de Shakespeare.
Pourtant, non seulement cela rappelle la question de l’action et du sens, mais en plus, dans mon dernier billet, j’ai écrit sur la marée montante de la transformation digitale… Ai-je eu une réminiscence de ce dialogue sans même m’en apercevoir, alors que je l’avais entendu en 2010 ?
Ai-je créé ?
Quand Churchill a écrit à propos du changement que l’on doit accompagner, comme je le cite toujours dans ce même billet, plagiait-il Shakespeare?
Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge
Une chose est sure, des connexions se sont faites. Je ne sais où, quand et comment. Quel hasard, quelle synchronicité (ou signe ?) également que je revoie cette série télévisée le jour même où je me pose toutes ces questions.
Du coup, il m’est devenu indispensable de relater cette histoire, car j’y ai vu une illustration de ce qu’on nomme créativité, tout comme une illustration de ce sentiment d’urgence intérieure de passer à l’action dès lors que nous vient une idée (en l’occurrence, écrire ce billet). Vous l’avez sûrement déjà ressenti.
Où est-ce que je veux en venir sur un plan professionnel ?
D’où vient la créativité ?
Y a-t-il de pures créations à partir de rien ? pas sûr. On bâtit me semble-t-il sur des pierres préparées par d’autres.
Et surtout, l’excellente nouvelle: on peut tous créer et innover, pour peu que nous ne soyons pas enfermés dans des boîtes ou des organigrammes.
Car ce sont les liens et les relations qui transgressent le temps, les organisations et les cultures qui conduisent à la création et à l’innovation
Tout cela semble très banal.
La valeur du travail d’équipe et du brainstorming est connue depuis au moins 50 ans.
On connaît les vertus des bureaux en espace ouvert depuis au moins 20 ans.
On favorise l’agilité et les échanges interculturels entre pays, fonctions ou secteurs, depuis quelques temps déjà.
Cependant, nous sommes les témoins d’une période spécifique qui, grâce aux échanges facilités par Internet, offre un potentiel combinatoire d’innovation accélérée et exponentielle.
Cela change le monde professionnel profondément. Et vite.
Nous vivons ce même phénomène d’échanges interculturels dans la société, bien que cette ouverture soit plus fragile et remise ici ou là en question, et
cela peut changer le monde tout court et le rendre meilleur
Et vous qu’en pensez-vous ?
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